La direction d’intimité fait sa place au théâtre

De plus en plus fréquente au cinéma, la direction d’intimité fait tranquillement son entrée au théâtre. Dans un souci de jouer les scènes de nudité et de sexualité avec respect et véracité, le Trident a fait appel à une personne qui offre ce service pour la pièce La trajectoire des confettis.

Auréliane Macé est directrice d’intimité depuis environ un an. Elle compare les scènes de sexualité à celles de combat. Une bataille à l’épée, si on veut que la personne saigne et meure, il y a souvent un spécialiste qui intervient pour que ça soit sécuritaire, que ça ait l’air vrai et que tout le monde soit confortable. Les scènes de sexualité et la direction d’intimité, c’est la même chose.

En tant que metteuse en scène, elle s’intéressait aux questions féministes et à la nudité dans sa pratique. Constatant qu’il lui manquait quelques outils, elle a suivi la formation américaine IDC (Intimacy directors & Coordinators) pour obtenir une certification. La trajectoire des confettis était son premier grand plateau.

La pratique se développe de plus en plus au Québec. Les services de la directrice d’intimité Stéphanie Breton ont été retenus pour la pièce L’Inframonde, présentée au théâtre de la Bordée en début d’année, dès le début du projet.

Mais qu’est-ce qu’une directrice d’intimité? C’est une artiste en premier lieu, précise Auréliane Macé. On vient chorégraphier les scènes de sexualité simulées au théâtre, ça veut dire les scènes de sexe, mais aussi les scènes de nudité, les baisers, les scènes de violence sexuelle.

Soir après soir, les comédiens font les mêmes gestes avec précision. Il n’y a pas de place pour l’improvisation qui pourrait déborder des limites de l’autre partenaire de jeu.

On s’assure que le consentement soit au cœur de la chorégraphie et du processus.

Du sexe plus vrai

En plus de jouer des scènes plus sécuritaires, la direction d’intimité assure la véracité des gestes pour que le spectateur y croie. Auréliane Macé a chorégraphié des scènes de relations sexuelles entre les personnages de Zach (Laurent Fecteau-Nadeau) et de Charlie (Sarah Villeneuve-Desjardins). Dans un premier temps, elle a contacté les interprètes pour établir le consentement de chacun. La planification peut ensuite commencer.

Les comédiens jouent dans les limites de l’autre, en toute confiance. Personne n’a de mauvaises intentions, personne ne veut faire du mal, mais parfois, on ne sait pas, ajoute la directrice d’intimité.

Les scènes ainsi construites offrent une dramaturgie de la sexualité des deux personnages. Aurélie Macé a réfléchi à la scène de rapprochements. Ça ressemble à quoi s’ils font l’amour? Est-ce que c’est violent, est-ce que c’est tendre, c’est quoi le rythme? Ça rend le tout plus crédible, explique l’artiste.

En plus de la chorégraphie des gestes, plusieurs autres techniques peuvent être utilisées pour respecter le consentement des comédiens pendant une scène. Je collabore avec toute l’équipe, explique la directrice d’intimité qui a travaillé de près avec la metteuse en scène Danielle Le Saux-Farmer. Il est aussi possible de composer avec l’éclairage, les accessoires et les décors.

Auréliane Macé souhaite que la direction d’intimité soit de plus en plus présente dans les productions théâtrales d’ici. Il y a de la place pour tout le monde. C’est maintenant aux producteurs d’aller chercher quelqu’un dont c’est l’expertise.