Les 100 ans de Janette Bertrand : « Je me trouve extrêmement chanceuse »

À quelques jours de ses 100 ans, qu’elle fêtera mardi, Janette Bertrand savoure le travail accompli tout au long de sa vie et les multiples hommages qui lui sont rendus ces jours-ci, notamment à Radio-Canada.

En plus d’être au cœur de plusieurs émissions de télévision et de radio, Janette Bertrand fait l’objet d’une installation vidéo documentaire, Le siècle de Janette. Réalisé par Léa Clermont-Dion, cet hommage en images est présenté gratuitement à la salle d’exposition de la Place des Arts, à Montréal, du 26 mars au 18 mai.

Je suis allée à beaucoup de funérailles et je trouvais toujours triste que les plus beaux compliments, les gens morts ne les entendent pas, dit-elle. Moi, on me donne tout ça avant que je meure, je me trouve extrêmement chanceuse.

J’ai dû faire quelque chose de correct

Plus de 75 ans après ses débuts dans les médias, l’infatigable Janette Bertrand continue d’être dans l’action. Je trouve énormément de bonheur à travailler, confie celle qui lancera bientôt un projet avec l’Institut de gériatrie de Montréal.

Depuis plusieurs années, elle se mobilise, en effet, contre l’âgisme, par des ateliers d’écriture pour aider les aînés à rédiger leurs mémoires ou encore l’émission Janette Bertrand et ses perles de sagesse, dans laquelle elle rencontre des personnes âgées inspirantes et qui a été récompensée aux derniers New York Festivals Radio Awards (nouvelle fenêtre).

Toutefois, la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes reste son grand combat. Ça a été la plus grosse affaire de ma vie, souligne-t-elle. Maintenant, 90 % des femmes sont au travail. J’ai dû faire quelque chose de correct.

Une détermination sans faille

Celle qui se définit comme une combattante avec le sourire était pourtant une petite fille très simple, douce et soumise, selon ses mots. C’est l’incompréhension et l’injustice ressenties devant la façon dont elle était traitée, différemment de ses trois frères, qui a été à l’origine de son engagement féministe. Je ne trouvais pas ça correct que je sois moindre que mes frères, que mes frères puissent faire des études et que moi je sois destinée à laver des couches, se souvient-elle.

J’ai brisé tellement de portes, j’étais quelqu’un d’un peu entêté. […] Je voulais changer les choses.[…] Si je suis fatiguée de quelque chose, c’est d’avoir tant lutté pour que mes idées arrivent.

En plus d’avoir affronté le sexisme et le conservatisme, Janette Bertrand a dû faire face au mépris qu’elle a notamment rencontré lorsqu’elle tenait le courrier du cœur. Des jeunes d’autres régions aimant d’autres personnes du même sexe lui écrivaient, lui confiant leur solitude devant leur homosexualité et leurs idées suicidaires, pour certains d’entre eux.

Janette Bertrand s’est déjà fait arrêter dans la rue par un homme lui disant qu’il ne s’était pas suicidé grâce à ses mots. Ça, ça me fait, c’est du tangible. Je pense que j’ai réussi ça.

Bien qu’elle soit aujourd’hui louée pour la longue liste de ses accomplissements, Janette Bertrand reste modeste.

Je ne fais pas grand-chose, je fais ma petite part. Si tout le monde faisait sa petite part, il y aurait une grosse part.

Regarder droit devant

Au crépuscule de sa vie, Janette Bertrand a-t-elle des regrets? Regretter, ça ne sert pas à grand-chose, franchement.

En plus d’avoir été journaliste, animatrice, autrice et même actrice à quelques reprises, celle qui aura été une Montréalaise toute sa vie a élevé trois enfants. J’aurais peut-être pu être une meilleure mère, grand-mère et épouse, confie-t-elle. Je suis convaincue que, dans ma famille et mon travail, j’ai fait ce que j’ai pu avec ce que j’avais.

Mardi, Janette Bertrand sera à la Place des Arts pour voir Le siècle de Janette. En avril, elle participera au Salon international du livre de Québec. Ensuite, elle entend bien continuer son chemin vers son nouvel objectif : célébrer ses 105 ans.

Avec les informations de Nabi-Alexandre Chartier