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Red Ketchup est à l’image des personnages de films d’action des années 1980 : excessif, increvable, bête et méchant. Cependant, il y a dans les aventures de ce héros de l’humour et une satire de la droite américaine sous Ronald Reagan. Le chroniqueur spécialisé en bandes dessinées Jean-Dominic Leduc nous parle de ce personnage culte.
Dans les années 1970, les bédéistes québécois se mettent à publier des magazines. En 1979, la revue Croc apparaît. Extrêmement populaire, celle-ci ouvre la voie à plusieurs bédéistes, dont Pierre Fournier et Réal Godbout, les créateurs de Red Ketchup. C’est là que cette BD connaît ses beaux jours.
Les deux hommes se rencontrent d’abord lors d’un stage en Europe. Pierre Fournier s’intéresse beaucoup aux comics américains, à Frankenstein et à Dracula. Quant à Réal Godbout, il préfère les œuvres de Robert Crumb et les BD européennes.
« Le travail graphique de Réal Godbout, sa ligne, est la rencontre de la tradition franco-belge et américaine, et c’est ce qui fait que la bande dessinée au Québec est si unique. »
Pour Croc, Pierre Fournier et Réal Godbout produisent le feuilleton Michel Risque, mettant en scène un antihéros québécois sympathique. Dans une de ses aventures, un agent du FBI apparaît à la fin d’une page. « C’est Red Ketchup. C’était un figurant, raconte Jean-Dominic Leduc. Il y a eu un coup de cœur instantané auprès du lectorat. »
C’est ainsi que Red Ketchup déloge le personnage de Michel Risque : « Red Ketchup est un agent du FBI qu’on essaie de tenir à l’écart, parce qu’il laisse derrière lui des catastrophes », décrit Jean-Dominic Leduc. En pleine guerre froide, il est envoyé en Antarctique et découvre un complot soviétique. « Autre chose très importante dans cette aventure : son vis-à-vis, qui lui tiendra tête, est un personnage féminin, ce qui est relativement rare à cette époque-là dans la bande dessinée. »
« [Red Ketchup] n’a rien de québécois; il naît après l’échec référendaire. Tout à coup, on ne cherche plus à faire un héros qui se rattache à la culture québécoise, mais qui est international. »
Après la fin de l’aventure du magazine Croc, en 1995, La Pastèque a réédité les albums de Red Ketchup. Jean-Dominic Leduc analyse ce succès, qui a permis l’éclosion d’autres bédéistes. Enfin, il mentionne le nom de l’éditeur européen qui a publié les albums de ce héros québécois et nous dit si ses aventures auront une suite.